Troncs

Je fais face à l’arbre, l’interroge déjà. Ne me répond que son immuable mutisme, celui-là même que je veux recueillir. Mes mains commencent à toucher l’épiderme rugueux tandis que je me débats pour embrasser de toile son tronc. Puis pinceaux et rouleaux se mettent à l’œuvre, qui par passages successifs et nuances superposées cherchent à accrocher l’évidence de cette identité vivace qui résiste à se faire tirer le portrait. L’ouvrage achevé, je jette un dernier regard à mon modèle en pied, ce sans nom qui m’a confié la tranquillité de son silence. Plus tard l’empreinte témoignera de cet éphémère contact, improbable dialogue d’homme à arbre au toucher ineffable.

I.B. Février 2011