Paysage aléatoire

Enfants, on s’est tous livrés à de mémorables batailles avec pour seule arme ces petites boules piquantes qui agrippent si bien les pulls et les chaussettes. C’était pour rire et se défouler, on savait que ça ne faisait pas de mal, sauf peut-être quand elles se fixaient dans les cheveux parce qu’après, dommage, il fallait couper.

Aujourd’hui, je ne vois plus d’adversaire digne de ce nom que la toile. J’aimerais pour une fois dépenser mon énergie pour elle de façon impulsive et aveugle.

Je ferai une bonne réserve de munitions, et tirerai en savourant le plaisir de balancer manuellement des pixels sur l’écran blanc pour en finir, au moins dans l’instant, avec le virtuel. Comme la toile ne se défendra pas, je capitulerai la première, d’épuisement ou de lassitude.

Et de ce vain combat, de cette dépouille criblée de balles, peut-être naîtra autre chose. Un calme muet, un pitoyable désordre, ou l’évidence d’un paysage qui aura raison de mon essoufflement.

IB, février 2010


 

PAYSAGE ALÉATOIRE, 2010

Projection aléatoire de boules de xanthium sur velours Velcro, 140 x 400 cm, création galerie Archipel en Arles.